« Les nouvelles technologies de la conduite autonome et connectée apporteront des changements radicaux et révolutionneront la mobilité », a déclaré Étienne Schneider, vice-premier ministre et ministre de l’Économie du Luxembourg, l’un des intervenants de la journée du projet de site expérimental transfrontalier numérique le 3 avril. « Il est d’une importance cruciale que ces nouvelles formes de mobilité fonctionnent partout en Europe et au-delà des frontières. »
Les défis sont nombreux : les caractéristiques telles que les réseaux routiers, les panneaux de signalisation, les limitations de vitesse ou encore les règles diffèrent d’un pays à l’autre, et les systèmes de saisie et de transmission des données ne sont pas les mêmes. Conscients de la nécessité de réaliser des tests dans un environnement transfrontalier, la France, l’Allemagne et le Luxembourg ont mis en place le site expérimental numérique qui relie le sud du Luxembourg à Metz en France et Merzig en Allemagne. Il offre aux développeurs de véhicules connectés et autonomes et de services de mobilité associés l’opportunité de faire des essais sur routes ouvertes dans des conditions réelles.
Le site expérimental comprend des passages frontaliers, des tunnels et un trafic à haute densité aux heures de pointe en raison du nombre très élevé de navetteurs transfrontaliers. « Aujourd’hui, nous voulons montrer quelques projets concrets qui utilisent déjà le site ou qui vont démarrer prochainement », explique Anthony Auert, le Luxembourg AutoMobility Cluster manager chez Luxinnovation.
Le site expérimental numérique transfrontalier offre aux développeurs de véhicules connectés et autonomes et de services connexes la possibilité d’effectuer des essais sur routes ouvertes dans un environnement réel.
La journée du projet de site expérimental a été organisée dans le village luxembourgeois de Schengen, berceau de l’Europe aux frontières ouvertes. « Nous envoyons aujourd’hui un message au monde entier depuis le Luxembourg : l’Union européenne peut rapidement mettre en pratique la conduite autonome », a annoncé Andreas Scheuer, ministre fédéral allemand des Transports.
Une technologie en maturation
Le développement technologique se fait rapidement et l’on s’attend à ce que d’ici 2030, les voitures qui ne nécessitent une intervention humaine que dans des situations exceptionnelles soient disponibles. Elles seront suivies par les voitures qui seront 100% autonomes d’ici 2035. « Cependant, je suis convaincu que nous aurons les premières navettes et les premiers taxis autonomes beaucoup plus tôt », a déclaré François Bausch, ministre luxembourgeois de la Mobilité et des Travaux publics.
Le ministre Bausch a souligné que le Luxembourg travaille sur une stratégie pour la mobilité en tant que service, visant à combiner l’offre de trains, d’autobus et de tramways avec les services fournis par des véhicules autonomes. Déjà à la pointe de l’innovation en matière de mobilité, le Luxembourg sera le premier pays au monde à offrir des transports publics entièrement gratuits à partir de mars 2020. Le public peut également monter à bord de navettes autonomes déployées à Luxembourg-Ville et à Contern dans le cadre d’un projet de recherche.
Cependant, la mise en œuvre de cette nouvelle forme de mobilité n’est pas seulement une question de progrès technologique. Les gens doivent également être disposés à passer à de tels moyens de transport. « Nous ne pouvons pas sous-estimer la question de l’acceptation », a souligné Élisabeth Borne, ministre française des Transports. « Un tiers des citoyens se méfie encore de ces technologies. » Plusieurs des projets de recherche présentés au cours de la journée du 3 avril incluent la dimension de l’acceptation sociale en parallèle avec des sujets plus techniques.
Miser sur les atouts du numérique
La participation du Luxembourg à un certain nombre de projets sur la conduite autonome et connectée s’appuie sur sa forte industrie des composants automobiles et sa position de plaque tournante numérique internationale. Le pays joue un rôle de premier plan dans l’initiative paneuropéenne sur le calcul à haute performance actuellement en cours et est hautement spécialisé dans la cybersécurité ainsi que dans le stockage et le traitement des données sensibles. La mobilité intelligente fait partie intégrante de la stratégie numérique nationale et l’un des trois véhicules autonomes testés pendant la journée du projet a également été développé par le Centre interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance (SnT) de l’Université du Luxembourg.
Le Luxembourg va également de l’avant dans le domaine de la 5G, une technologie essentielle pour la conduite en réseau. L’un des premiers projets à utiliser le banc d’essai numérique, 5G-CroCo, relèvera le défi de fournir une connectivité ininterrompue aux voitures automatisées et connectées qui traversent les frontières nationales et passent ainsi des réseaux mobiles de plusieurs pays. « L’infrastructure 5G sera mise en place sur le banc d’essai dès 2019 dans le cadre de ce projet », a déclaré M. Auert.
« Le Luxembourg a toujours su se réinventer et prendre des risques pour développer son économie », a souligné le ministre Schneider. « Nous sommes en mesure d’aller de l’avant et de trouver de nouvelles solutions plus rapidement que les grands pays. Nous avons maintenant l’intention de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que ces nouvelles technologies amènent à des produits qui puissent être mis sur le marché le plus rapidement possible et qui soient utiles pour nos citoyens. »