Le dossier est suffisamment important, voire crucial, pour que les deux principales têtes de l’exécutif se retrouvent à dévoiler, de concert, la vision stratégique à l’égard de l’intelligence artificielle et la stratégie d’innovation basée sur les données pour soutenir l’émergence d’une économie durable et de confiance.
«Il s’agit-là d’une priorité nationale et transversale pour l’ensemble du gouvernement», a indiqué Xavier Bettel, précisant que ces stratégies avaient fait l’objet, au sein du Conseil de gouvernement, d’une vaste consultation auprès des autres ministères.
Le Premier ministre a indiqué que la vision stratégique en matière d’intelligence artificielle repose sur trois piliers: faire du Luxembourg une des sociétés numériques les plus avancés en Europe et dans le monde; créer une économie durable basée sur les données et construire une intelligence artificielle centré sur le citoyen.
Cette démarche implique d’identifier dans quel domaine le Luxembourg peut se démarquer au niveau mondial. À cette fin, le Luxembourg se penchera de manière sérieuse et critique sur le rôle qu’il veut donner qui a au sein de la société.
«En tant que nation diversifiée et innovante, nous déterminerons l’impact que cette technologie aura sur les droits de l’Homme, sur la vie des citoyens et sur nos valeurs démocratiques. L’intelligence artificielle est fin prête pour son exploitation. À nous de déterminer quelles en seront les applications», explique le premier ministre.
Pays précurseur
«Le Luxembourg restera un pays précurseur dans l’innovation digitale». Le Vice-premier ministre Étienne Schneider a planté le décor pour présenter la stratégie de l’innovation basée sur les données. Il s’agit de soutenir, notamment, la transformation numérique des secteurs économiques considérés comme prioritaires: l’industrie manufacturière 4.0, la logistique, les écotechnologies, les technologies de la santé, l’industrie spatiale et les services financiers.
Le document stratégique présenté ce vendredi décrit pour chacun des secteurs économiques visés le contexte général ainsi que la situation actuelle et propose des actions concrètes à mettre en œuvre pour en augmenter la productivité et assurer leur développement durable dans une économie de données.
Les mesures proposées se déclinent autour de trois axes: le renforcement de l’infrastructure digitale, le soutien aux entreprises pour intégrer les technologies innovantes digitales ainsi que la création d’un environnement légal et financier favorable à l’économie de données.
«Simplifier la vie des gens»
«L’utilisation des données est un moyen pour que les entreprises soient plus efficaces, rentables et productives. Jusqu’à présent, les développements passaient par de nouvelles machines. Là, il s’agira aussi de mieux rentabiliser les machines existantes, en utilisant les données de manière optimale afin d’améliorer les processus des entreprises», précise Mario Grotz, directeur général de la Recherche, de la propriété intellectuelle et des nouvelles technologies au ministère de l’Économie, également président de Luxinnovation, et coordinateur de ce document stratégique.
Si les entreprises (et pas uniquement industrielles) sont directement visées par cette approche, le citoyen l’est aussi, directement ou indirectement. «Il s’agit aussi de simplifier la vie des gens», indique Xavier Bettel. «Nous ne voulons pas non plus faire tout ce qui est possible, au seul prétexte que c’est possible de le faire. Nous voulons focaliser chacune de nos actions sur les personnes et faire en sorte que cela leur serve vraiment à quelque chose.»
Une approche que complète Mario Grotz: «De nouveaux services pourront être développés pour le bien de la population. Par exemple, en croisant les données d’observation de la terre, reçues du programme Copernicus, avec les données déjà disponibles par ailleurs, il est possible de faire en sorte d’améliorer la mobilité en rendant les trafics plus fluides. Le potentiel d’amélioration est énorme! Le domaine de la santé est une autre cible, les traitements des patients pouvant être adaptés et mieux répondre aux besoins grâce à une meilleure analyse des informations médicales, dans le respect de la confidentialité du patient, évidemment.»