Dans la dernière édition de son rapport global sur la compétitivité couvrant l’année 2018, publié en milieu de semaine, le Forum économique mondial (FEM) a placé le Luxembourg en 19ème position (sur 140 pays) quant à sa capacité à innover. Le pays entre ainsi dans le Top 20 (il apparaissait à la 22è place en 2017), mais dans un classement établi selon une nouvelle méthodologie, rendant, de fait, difficile toute comparaison immédiate.
Il n’empêche: comme le rappelle le FEM, cette « capacité à innover » demeure le point fort des économies considérées comme étant les plus compétitives. Du reste, c’est également au 19ème rang que figure le Luxembourg dans le classement « global » des économies les plus compétitives.
Cette bonne nouvelle pour l’écosystème national de l’innovation s’inscrit dans la continuité d’un autre indicateur international publié au début de l’été : dans l’édition 2018 de son tableau de bord de l’innovation, la Commission européenne a en effet promu le Luxembourg dans la division supérieure, le faisant passer du groupe des « innovateurs forts » à celui des « champions de l’innovation ». Le pays déloge l’Allemagne et rejoint les économies européennes les plus performantes en la matière que sont la Suède, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
Un pilier
Le Luxembourg affiche un indice global d’innovation supérieur de 21% à la moyenne de l’Union européenne, améliorant ses performances par rapport à la moyenne de l’UE de 6,6 points de pourcentage entre 2010 et 2017. Le pays a notamment été remarqué en matière d’attractivité de son système de recherche, cet indicateur dépassant de 98% la moyenne de l’Union européenne. L’indicateur relatif aux actifs intellectuels (demandes de brevets, marques et dessins) est, quant à lui, de 53% supérieur à la moyenne de l’UE.
Dans le cadre du processus stratégique Rifkin visant à implémenter la troisième révolution industrielle, les acteurs économiques luxembourgeois, publics et privés, ont clairement inscrit « l’économie de l’innovation » comme étant l’un des piliers de l’action visant à assurer la transition du pays vers un modèle durable.
La diversification économique est clairement basée avant tout sur l’innovation. Cela se caractérise, sur le terrain, par la mise en place d’un écosystème performant de R&D (d’ailleurs reconnu par la Commission européenne comme étant l’un des points forts du pays), le développement de l’enseignement supérieur, les diversifications sectorielles (notamment en TIC, technologies de la santé et industrie spatiale) ou encore un élargissement de l’offre de formations digitales.
Innovez, innovez, il en restera toujours quelque chose
Contrairement aux idées reçues, la notion d’innovation n’est pas nécessairement – et absolument pas exclusivement – liée à celle de (haute) technologie. Le législateur luxembourgeois la définit ainsi comme étant « toute nouveauté sous forme de produit, de service, de procédé, de méthode ou d’organisation, qui résulte de la mise en application d’idées nouvelles ou d’efforts de recherche-développement ».
Cela concerne donc tout autant « l’innovation d’organisation » (via la mise en œuvre d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques commerciales, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de l’entreprise), que « l’innovation de procédé » (liée à la mise en œuvre d’une méthode de production ou de distribution nouvelle ou sensiblement améliorée, ce concept impliquant alors des changements significatifs d’ordre technique, matériel ou logiciel).
Le cadre législatif, lui, est bien en place : la récente loi de juin 2017 relative aux régimes d’aides à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI), incite les entreprises privées à amplifier leurs efforts en la matière. Le plafond des aides octroyées aux jeunes entreprises innovantes, lui, a été porté à 800.000 euros alors que les taux maximums applicables pour les projets d’innovation de procédé et d’organisation portés par les PME sont désormais de 50%.
Cette loi de 2017 prévoit désormais en outre la possibilité d’accorder les aides sous forme d’apports en fonds propres pour les jeunes entreprises innovantes. À elles, désormais, de s’inscrire dans une telle démarche dont elles tireront toujours profit, à quelque niveau que ce soit.